Avec l’explosion des applis de rencontres, peut-on trouver un homme volontaire pour une relation durable (monogame) en 2017 ? 🤔

[Avertissement : les personnes pudiques et/ou très romantiques pourraient être choquées par certains de mes propos. Un homme ou une femme averti(e) en vaut 2…]

Je suis célibataire depuis plus d’1 an et demi, après une relation de 13 ans. À l’époque de ma rencontre avec ex-Monsieur, on avait tous des Nokia 3310 et les réseaux sociaux n’existaient pas. On se rencontrait par des biais plus classiques. En l’occurrence, je l’ai rencontré tout bêtement à la fac. 13 ans plus tard, notre histoire se termine. On tombe, on panse ses blessures, et on se relève. Lorsque je me suis sentie prête à faire des rencontres, j’ai dû apprendre de nouvelles méthodes, de nouveaux codes, méthodes de rencontres. Ça a été assez violent mais instructif. Voici mes découvertes.

Le ratio hommes/femmes célibataires dans la tranche d’âge 28/45 ans en région parisienne et dans d’autres grandes villes, est problématique. Trop de femmes, peu d’hommes.

Je vous laisse consulter l’étude statistique assez précise (et désespérante) de JL Cassely sur Slate.fr. Il semblerait que Brest et Toulouse soient des villes plus intéressantes en terme de ratio hommes/femmes (pas assez de femmes). Mais je n’ai pas l’intention de déménager donc il a fallu faire avec cette réalité. Alors bien sûr, on se dit que ce ne sont que des chiffres, qu’on finira bien par les trouver ces hommes célibataires (héteros, ou bisexuels) qui n’ont rien contre une relation durable. Je demande donc autour de moi, amis, collègues, toujours la même réponse : « Laisse-moi réfléchir… Tiens, c’est marrant, tous les mecs que je connais sont casés.. Ou gay. » Amusez-vous à poser la question autour de vous, vous verrez, le constat est sans appel. Où sont les hommes ?

Les rares hommes (hétéros) célibataires entre 28 et 45/50 ans en région parisienne ne veulent « rien de sérieux », préfèrent les « relations légères ». 

Plusieurs cas de figure immuables :

• Le mec qui a « souffert » d’une relation précédente (rien de très récent), et veut juste s’amuser :

Si on avait 1€ à chaque fois qu’un mec dit « Je sors d’une relation longue [rien de frais], je ne veux rien de sérieux. » #trentenairesdemerde pic.twitter.com/8ozY811Otc

— Lóuisá Amara  (@Louisa_A) 10 février 2017

• Celui qui fait croire que la relation légère pourrait se transformer en relation plus durable s’il y a un « feeling ». Et qui bizarrement, après quelques temps (le temps qu’on passe à l’horizontal), avoue la vérité : « Quand je dis que je ne cherche qu’un plan cul, la plupart des filles refusent, elles ont envie d’avoir au moins l’espoir, la possibilité que la relation évolue. En mentant, j’ai ce que je veux. C’est pas bien, mais je m’en fous, j’ai pas de remords. »

Variante : celui qui dit avoir été sincère dans sa démarche mais réalise tout à coup :

1. Il pense encore trop à son ex.
2. Sa vie est trop compliquée en ce moment, pas le temps de s’investir dans une histoire.
3. Il a prévu de s’expatrier bientôt et ne veut pas s’engager dans une histoire qui pourrait l’éloigner de cet objectif. Evidemment il  n’avait jamais fait part de ce projet de vie important avant les câlins.. Ben voyons.
4. Il n’arrive pas à s’impliquer dans la relation « C’est pas toi, c’est moi. Pourtant au lit, c’est super.. »

• Les mecs francs qui assument qu’ils n’ont jamais envisagé (et ne l’ont jamais promis) quoi que ce soit de plus que du plaisir, mais ils ne savent pas vraiment pourquoi ils bloquent. Ils émettent plusieurs hypothèses, attention âmes sensibles : A) « Je n’ai jamais pensé être en couple avec une femme ronde, j’ai besoin d’être valorisé en public, donc plutôt avec une fille mince. C’est immature et hypocrite, puisque j’adore les rondeurs, mais dans le cadre de l’intimité, pas plus. Je t’emmènerai jamais au resto ou en terrasse par exemple. Et mes potes sont pareils. »B) « Peut-être que si on avait attendu, 3 à 5 rendez-vous (ou plus), j’aurais plus de considération, et j’arriverais peut-être à envisager quelque chose. Mais comme on a couché rapidement, inconsciemment ou pas, je t’ai mis dans la catégorie des filles « légères ». Et ce n’est pas avec ce genre de filles que je me mets en couple. » Ils admettent pourtant que de nombreux couples se sont formés comme cela. Tout le monde n’est pas obligé de respecter un schéma « américain » de 3 à 5 « dates » (rendez-vous platoniques, où on ne s’embrasse pas, ni rien).

Pourquoi être si fermés aux sentiments ? Trop de choix disponibles via Tinder, Happn, Adopte un mec, Ok Cupid etc. Comme dans une confiserie, ils veulent goûter à tout. 

J’ai donc demandé conseils à des amis mâles inscrits sur ce type d’applications. Ils me confirment que la découverte de ces applis a été une vraie révélation pour eux, et que pour beaucoup, ils ne souhaitent désormais plus que des rencontres légères. La complicité, les moments de partage en couple ne leur manquent pas du tout. Pour certains, il s’agit de protéger leur ego meurtri par une rupture difficile (ils ont été trompés ou quittés brutalement etc), pour d’autres pas du tout, mais le choix de femmes disponibles, est tellement énorme qu’ils veulent en profiter autant que possible, comme une drogue. Ce phénomène d’addiction aux rencontres éphémères via des applis de rencontres est bien décrit dans la BD « Love addict » de Koren Shadmi. Il s’agit pour eux d’une revanche sur une adolescence et un début de vie d’adulte frustrant sur le plan sexuel. Ils étaient moins sûrs d’eux, ne savaient pas comment séduire etc.

Les hommes mentent sur ces applis.

Photos anciennes, ou pas leurs photos du tout, taille faussée, statut célibataire alors qu’ils sont mariés, profession etc. Mais au delà même du profil, ils mentent aussi par leurs actions : ils likent absolument tous les profils, sans distinction, en se disant qu’ainsi, ils auront forcément un  « match » (quand la fille like aussi leur profil, l’attirance est censée être réciproque, et il est alors possible de discuter gratuitement). Cela crée des faux espoirs et peut occasionner des vestes phénoménales. Ainsi, j’ai cru plaire à un mec qui était dans le même centre de vacances que moi. Puisqu’il ne répondait pas à mes gentils smileys, j’ai attendu d’avoir l’occasion de lui parler. Le courant passait très bien, sourires, blagues, jeux de regards. Et quand enfin, je lui ai posé la question (après tout, il avait peut-être un frère jumeau inscrit sur l’appli ?). Il m’a dit : « Ah désolé, je like tout le monde, sans vraiment regarder. Comme tous les connards de mecs. Tu m’intéresses pas du tout. C’est ta copine J. qui me plait… ». Sympa, hein ? On tombe, on se relève.

Les lapins 

Comme le choix est beaucoup plus vaste qu’avant, certains en oublient les bases de la politesse et du respect. On fixe un rendez-vous ensemble, ils ne viennent pas. Ainsi on m’a déjà posé 7 lapins. Pourtant j’essaie de trier de mieux en mieux, avec l’expérience. Attention, il y a lapin et lapin. C’est à dire, ceux qui ne préviennent pas qu’ils ont changé d’avis ou ont un empêchement, et j’attends comme une conne pendant 30 à 40min en les appelant pour savoir s’ils ne sont pas décédés en route… Et ils finiront par donner des nouvelles quelques heures plus tard, en s’excusant à peine.

Il y a ceux qui préviennent quelques minutes avant, alors qu’on était déjà en route ou sur place, et prétextent qu’ils ne se sentent pas bien. Ils ne donnent plus de nouvelles ensuite. Ou parfois quelques mois après, en se disant qu’on a peut-être passé l’éponge. Heu ben, non…

Parmi ces lapins, certains s’excusent platement pendant des jours, espérant arranger les choses. Et comme je suis une cruche [comme le chante Vianney, dédicace à Angéline], j’accepte de les pardonner et je m’en mords les doigts parce qu’ils font pire par la suite.

Alors que faire ? Y croire encore, malgré tout.

J’ai aujourd’hui 37 ans, 38 en mars prochain (si Dieu me prête vie, comme on dit). Je suis en bonne santé, j’ai un toit au dessus de la tête, un boulot que j’aime, des passions, une famille et des amis aimants. Ma vie me convient. Je n’ai pas besoin d’être aimée par un homme pour être heureuse. Je me réveille chaque jour, heureuse. Oui la complicité du couple me manque. J’aime cuisiner pour quelqu’un, m’occuper de lui, faire des projets. En attendant de trouver le bon, je fais toutes mes sorties avec des amis ou seule. J’ai appris à aimer ces moments où je peux aller au cinéma seule sur un coup de tête après le boulot ou le week-end, me promener dans Paris, aller à des expos etc. Les enfants… J’en parlais dans mon billet d’humeur, fin 2012. Je ne ressens pas l’envie urgente d’être mère. Je comprends que certaines fassent un bébé toute seule, pressées par la peur de la ménopause, par différents moyens, ça les regarde. De mon côté, je me dis que j’ai encore du temps, merci la génétique familiale. Et si finalement je ne rencontre pas l’amour, ou quelqu’un qui ne veut pas d’enfants, j’aviserai à ce moment. Des neveux, nièces, filleule, j’en ai déjà et ça me suffit aujourd’hui.

Que faire d’autre encore ? En rire. Ça permet de relativiser, et ça fait un bien fou.

Ainsi, je régale mes amis de mes débriefs post-rencontres. Je leur réserve les détails les plus croustillants et farfelus. Je mets quelques éléments (ça reste soft), sur Twitter, parce que visiblement, je ne suis pas la seule à galérer.. J’ai lancé le hashtag #trentenairesdemerde, ça marche aussi avec #quadragénairesdemerde. J’ai essayé aussi de rencontrer des hommes un peu plus jeunes (entre 25 et 30), échecs complets également, pour les mêmes raisons, et parfois d’autres. Ils refusaient par exemple un simple coup de fil avant la rencontre. Ils refusaient également qu’on se rencontre si je n’envoyais pas de photos osées avant, et j’en passe. Génération Snapchat de merde.

Extraits :

Après une rupture, les filles se relèvent et avancent, les mecs s’en servent pour justifier leur frivolité/immaturité. #trentenairesdemerde pic.twitter.com/WcbZyc0q9Z

— Lóuisá Amara (@Louisa_A) 14 février 2017

Autre exemple, le mec est prof agrégé d’économie, hein.
[Ça ferait un bon épisode de @WTFFranceTV @Ptcomedy] pic.twitter.com/980vvqV4zr

— Lóuisá Amara  (@Louisa_A) 14 février 2017

Il a menti sur son âge, il n’a pas 38 mais 44 ans. On lance officiellement le hashtag #quadragénairesdemerde. À suivre. #rencontres

— Lóuisá Amara  (@Louisa_A) 25 février 2017

La bonne nouvelle, c’est que je trouve beaucoup de livres drôles et instructifs sur le sujet, et je pourrai vous en parler bientôt dans une prochaine vidéo booktube. N’hésitez pas à me dire comment vous avez trouvé l’amour, ça m’intéresse énormément, et bien sûr, si vous connaissez un homme célibataire hétéro entre 28 et 45 ans disponible pour une relation durable, n’ayant rien contre les brunettes rondes, faites moi signe ! Bel été à tous.